Le CETI, Centre Européen des Textiles Innovants, est l’emblème du renouveau du textile dans le Nord de la France
Il a ouvert ses portes à Tourcoing en octobre 2012 sur une ancienne friche industrielle du quartier textile et symbolise désormais le futur de l’industrie textile nordiste.
Ce pôle de compétitivité ambitieux, véritable plateforme de R&D (recherche & développement ) fait le lien entre la recherche, le marché industriel et les nouveaux débouchés. Il compte accueillir plus de 400 chercheurs et patrons du monde entier.
Son atout principal est le laboratoire et les ateliers de recherche sur “le non-tissé”, un textile dont les applications sont en pleine mutation et se multiplient dans le domaine de la santé, de l’aéronautique ou encore de l’automobile.
« Le CETI est le seul endroit où l’on pourra créer une nouvelle fibre synthétique, la filer, lui apporter divers traitements et la transformer en voile non tissé ou en tissu », affirmait Bertrand Delesalle son président lors de inauguration ,c’est désormais une réalité.
Le marché des textiles techniques a été multiplié par 5 dans les cinquante dernières années et la croissance mondiale attendue sur ce marché est de 21 % en 2017.
C’est également un outil de développement et d’innovation, le CETI abrite aussi l’incubateur Innotex, seul incubateur textile en France,et des salles de travail à destination des porteurs de projets.
L’objectif de cet écosystème est de pouvoir répondre à toute entreprise porteuse d’un projet de recherche, de prototypage ou de partenariat avec une autre entreprise.
Le CETI concentre ses activités dans deux domaines. Le premier, celui des textiles biosourcés, dispose d’un atout : sa capacité technique à filer des fibres biosourcées, dont des polyesters, en deux ou trois composants. Le second est celui des textiles connectés. Les ingénieurs du centre opèrent particulièrement dans le « wearable computing », c’est-à-dire l’utilisation de l’enveloppe textile comme capteur pour des applicatifs dans l’automobile ou la santé, et les fibres capables de produire de l’énergie.
Sur 12 000 m² et dans un même bâtiment sont rassemblés un facilitateur d’innovations ou pôle de compétitivité, un incubateur textile, Innotex, et des facilitateurs de business que sont le club d’entreprises Clubtex, regroupant 80 membres, ainsi que les délégations régionales de l’Institut français du textile et de l’habillement, de l’Union des industries textiles, le syndicat patronal.
Le CETI a été Co-financé à hauteur de 40 millions d’euros par l’Etat, l’Union européenne, la région Nord/Pas-de-Calais, le conseil général du Nord et Lille Métropole communauté urbaine (LMCU),
CETI
Centre Européen
des Textiles Innovants
41 rue des Métissages CS 40303
F – 59335 Tourcoing Cedex
France
T +33 (0)3 62 72 61 00
Un peu d’histoire
LA TRADITION TEXTILE Á ROUBAIX
Le textile est une activité séculaire à Roubaix puisque déjà en 1469, le seigneur Pierre de Roubaix obtient de Charles le Téméraire la “Charte des Drapiers” qui donne aux roubaisiens le droit de fabriquer et de vendre du drap, c’est à dire du tissu.
Cette activité se faisait à domicile et dans les maisons de tisserands, le métier à tisse(” l’otil” ), était installé par tradition dans la grande pièce, celle qui comportait trois fenêtres.
Le sol était en terre battue pour maintenir l’humidité afin d’éviter que le fil ne casse.
Quand la pièce de tissu était terminée, le tisserand la portait au bourg, sur sa brouette (d’où le surnom de “broutteux” donné aux tisserands), chez le”marchand-fabricant” qui se chargait de vendre le tissu et qui redonnait au tisserand la matière première nécessaire au tissage de la nouvelle pièce.
Roubaix devint “capitale textile” dès le17è siècle mais n’étant traversée que par de petits ruisseaux Roubaix n’a jamais pu utiliser l’énergie hydraulique.
C’est au début du XIXè siècle que commença le véritable essor de la ville avec l’introduction des “mull-jenny”, des machines à filer actionnées par la force humaine ou par des chevaux et l’arrivée des premiers métiers à filer mécaniques
Le travail de filature se regroupa progressivement dans des “fabriques”, au bourg, et de moin en moins à domicile
En 1820, Grimonprez installe la première machine à vapeur dans une filature : l’industrie est en train de naître à Roubaix.
Un siècle plus tard, Roubaix est devenue la capitale de la laine.Il est donc désormais possible d’actionner des machines, des métiers à filer par exemple, grâce à une énergie produite à partir du charbon.
Au XIXè siècle, la révolution industrielle venue d’Angleterre gagne la France. Le Nord devient une région industrielle où se développent les mines de charbon, le textile et la métallurgie. Canaux et chemins de fer quadrillent la région où Roubaix occupe une situation privilégié. Lille et Tourcoing suive le même essort
Le lin devient la spécialité de Lille et de la plaine de la Lys, tandis que Roubaix-Tourcoing se concentre sur la laine est l’apogée de la ville.
L’exposition internationale textile qui se tient en 1911 voit passer 1,7 millions de visiteurs
La première guerre mondiale et la crise de 1929 voient l’industrie du textile entrer dans une période de turbulences. Certains filateurs se diversifient et se lancent dans la distribution directe. “La Blanche Porte” en 1920 vend par correspondance des draps de lit. En 1922, la filature Charles Pollet & fils propose en direct des stocks de pelotes de laine (la filature prendra plus tard le nom des filatures “La Redoute”)
puis en 1932 “la filature des 3Suisses” décide à son tour de vendre directement à ses clientes la laine à tricoter qu’elle fabrique;
*Avec la seconde guerre mondiale l’industrie textile régionale du Nord prit du retard technologique par rapport aux Etats-Unis, et certains concurrents asiatiques comme la Chine devinrent de plus en plus dangereux .
L’Exposition textile internationale de Lille, inaugurée en 1951, le Nord – Pas-de-Calais démontre une volonté de rattraper ce retard et de moderniser l’ industrie textile.
L’industrie textile dans le Nord-Pas-de-Calais est en 1954, la première activité régionale, avec plus de171 000 emplois, avec les activités charbonnières et de sidérurgie, la région eu le surnom d’« usine de la France ». Cette industrie représente environ 12,8 % de l’emploi régionale et 26,5 % de l’industrie textile nationale.
Les années 70 furent sombres avec les chocs pétroliers, puis la mondialisation et les délocalisations. La fin des colonies eu pour conséquence l’envahissement de l’Europe par un textile bon marché amenant inévitablement une diminution de la production textile régionale et fermeture d’usines et un chômage grandissant De nombreux fabricant accélèrent leur diversification avec la vente à distance
* « Issues pour la plupart d’entreprises textiles, des sociétés nordistes comme Damart, La Redoute, Les 3 Suisses, Devianne, mais aussi Saint-Maclou ou Pimkie font de Roubaix-Tourcoing un centre de distribution de produits textiles de premier plan en Europe. Au détriment des usines de fabrication.. En dépit de leurs efforts, ces dernières ferment les unes après les autres entre la fin des années 1970 et 90.
En moins de trente ans, le nombre de salariés travaillant dans le textile passe de 110000 à 25000 dans le Nord – Pas-de-Calais, et de 47000 à 8000 à Roubaix-Tourcoing ».
*extrait d’un article de J. Cointat sur la Voix du Nord